Arrivé à NDC en 2008, Pierre Naudet termine une nouvelle saison sur le banc de l'équipe fanion et disputera sa 400e rencontre en tant qu'entraîneur de l'équipe première lors du huitième de finale de Coupe de l'Anjou face à Brissac. Retour sur quatorze années d'émotions.
En 399 rencontres avec l'équipe fanion, tu as dû vivre beaucoup d'émotions. Lesquelles t'ont le plus touché ?
Pierre Naudet : "C'est difficile d'en retenir quelques unes, d'abord parce que le temps passe - j'en ai sans doute oublié - et ensuite parce que toutes comptent. La première accession, en Promotion d'honneur, le 20 mai 2012 à Noyant, il y a dix ans presque jour pour jour, était forte. C'était le retour en ligue, l'aboutissement des quatre premières années de ma vie d'entraîneur. Je pense aussi à la demi-finale de la Coupe de l'Anjou contre St-Pierre Montrevault à Bertin devant 1300 spectateurs et une magnifique ambiance, avant, pendant et après le match".
Tu as connu beaucoup de joueurs, beaucoup de groupes, lesquels t'ont le plus marqué ? Aussi bien sur qu'en dehors du terrain ?
P.N : "Honnêtement, je ne serais pas capable de dire que j'ai préféré tel joueur ou telle équipe. Tous ont été importants, m'ont fait progresser. Chaque joueur t'impose une remise en cause par son questionnement, ses attitudes, ses choix. En fait, je ne me souviens pas d'un groupe de joueurs que je n'ai pas aimé. Chaque échange avec un joueur est un moment riche, qu'il t'amène une vision contraire à la tienne ou qu'il la conforte. Je me souviens de chacun d'entre eux. Les liens sont forts. Tous font partie de l'aventure et m'ont permis d'être là. Je voudrais tous les citer et les en remercier, mais la liste serait trop longue, il y a en a probablement quelques centaines. Néanmoins, je pense beaucoup ces derniers temps à un en particulier, Fabien Savary, qui nous a quittés bien trop tôt. Et je ressens là à quel point le lien joueur-entraîneur a quelque chose de si particulier".
De ta première rencontre sur le banc de NDC en D1 jusqu'à aujourd'hui en R1, quelles choses ont changé ? Et lesquelles n'ont pas changé ?
P.N : "Le contexte du club a changé : le stade, les terrains, le club house... NDC n'a plus rien à voir avec ce qu'il était en 2007-2008 lors de ma première saison en D1. Bien sûr, avec le niveau de pratique qui n'a cessé d'augmenter, les joueurs que j'ai la chance d'entraîner aujourd'hui sont supérieurs à ceux d'hier. Mais, il y a des constantes. Des visages qui étaient là au début de l'aventure et qui sont encore là aujourd'hui : des joueurs, des dirigeants, des éducateurs. Le club est à la fois un exemple de continuité, de fidélité et une structure en constant mouvement".
As-tu des habitudes, un rituel d'avant-match ?
P.N : "Pas beaucoup non. Ah, si une. Pendant l'échauffement, 30 minutes avant le coup d'envoi, je retourne aux vestiaires pour retranscrire la composition de mon équipe sur mon carnet et quelques mots clés ou attentes que je vais observer sur le début du match. Pour le reste, je ne suis pas très superstitieux".
Depuis toutes ces années, il y a eu des victoires, des défaites, des montées et aucune descente, le club avance, quelles sont les prochaines étapes pour toi sur le banc de NDC ?
P.N : "Je ne me fixe pas d'étape prédéfinie. La prochaine à court terme, c'est le prochain match, à moyen terme la prochaine saison et à long terme ce que le club pourrait être en 2030 par exemple. J'ai toujours pensé le court et le long terme en même temps, sans me dire que ce sera avec ou sans moi. Structurer un club, une équipe, c'est avoir un cap, écouter les autres, accepter de se tromper, s'adapter à un environnement incertain et au bout du compte décider. Et puis notre sort tient parfois à pas grand chose : un poteau entrant ou sortant, un penalty sifflé ou non...".
Aurais-tu un mot particulier à adresser à tous ceux qui suivent le club, les bénévoles, les supporters et les joueurs du club ?
P.N : "Je n'ai jamais choisi de durer. Jamais je n'aurais imaginé il y a quinze ans que j'en serais à fêter mon 400e match à la tête de l'équipe fanion, quatre divisions au-dessus, dans un club qui a multiplié par trois et demi ses effectifs. Cette aventure à par moments quelque chose d’irrationnel. Les réussites comme les échecs ont tenu parfois à un fil. Mais sans l'aspect humain, sans les hommes et les femmes qui depuis tout ce temps m'accompagnent, ce long parcours aurait été sans intérêt. On évoquait les émotions au début, c'est pour les vivre qu'on y retourne à chaque fois".